Nourrisseur extérieur

Nourrisseur extérieur


Notre ami et collègue Patrick GRAULICH nous propose de partager avec vous son expérience du nourrisseur extérieur. Merci !


L’expérimentation est effectuée, depuis 6 ans, sur un rucher sédentaire, à 750 m d’altitude, Alpes du Sud, comportant en moyenne 18 ruches en périodes automnales et printanières. Le cheptel est composé de colonies avec des reines de 1, 2 et 3 ans, et de jeunes colonies avec nouvelles reines de l’année…

L’expérimentation est basée, au printemps et à l’automne uniquement, sur l’utilisation, la mise en place et mise en fonction, de 2 nourrisseurs couvre-cadres d’une contenance de 9 kg de sirop chacun (voire 7 kg), positionnés hors ruches au milieu du rucher. Utilisation donc avec parcimonie et à bon escient….

« La confiance n’exclue pas le contrôle !…» : Dès lors, il conviendra à chacun de faire sa propre expérience en adaptant suivant, notamment, ses convenances, besoins, attentes et résultats….

Sur un support (tronçon de palette, agglos, barres, support de ruche,…), qui permet une isolation du sol (20 à 40 cm), on pose, dans l’ordre : un fond de ruche (Pour créer un espacement de passage et accès des abeilles au sirop), un nourrisseur couvre-cadres (Contenance : 7 à 9 kg), un plateau couvre-cadres, une isolation et enfin un toit métallique. Pour ma part, les « nourrisseurs extérieurs » restent en place toute l’année et servent de supports à mes pièges à frelons asiatiques (Rouges)…

La pratique :

En début de saison/année apicole, à savoir pour moi, après l’unique récolte annuelle toutes fleurs, le retrait des hausses entre le 15 et le 20 août, durant 5 à 7 jours, je laisse les colonies reprendre leur place et se réorganiser dans les corps de ruches, retrouver le calme, puis, avant de poser mes lanières anti-varroas, je fais l’inventaire, le repérage des colonies « faibles » et le contrôle de tous les cadres de chaque ruche afin de déterminer les situations, les états et les besoins, je réorganise, si nécessaire, les emplacements de cadres, remplace un cadre de nourriture par un cadre bâti vide (prêt à être pondu), placé en milieu de couvain, afin de libérer/augmenter de l’espace de ponte, remplace les reines défaillantes et/ou qui terminent leur 3ème année de ponte, complète des colonies faibles avec des cadres de couvain ou transvase les colonies faibles, sans la reine, dans une colonie avec reine de l’année. Nota : Les cadres de nourriture/réserve retirés pourront être remis en place au moment du nourrissement hivernal….

Après cela, je passe à la stimulation via mes 2 « nourrisseurs extérieurs » : je mets 1,5 à 2 kg de sirop 70/30 (Mélange de 70% sirop complétés de 30% d’eau, qui sera aussi de la réserve pour l’hiver, si elles ne le consomment immédiatement pour diverses raisons…), par nourrisseur…  Pas plus, car il s’agit d’une stimulation et non d’un nourrissement, et il ne faut pas que les butineuses ne saturent la ruche au détriment du couvain, outre, qu’il vaut mieux qu’elles rentrent encore, tant soit peu, du nectar et du pollen !… Cela correspond en gros, car certaines colonies vont plus récupérer de sirop que d’autres, pour 20 ruches, à environ un bon verre de sirop par ruche… Je réitère 3 à 5 jours plus tard…. Puis je laisse tranquille jusqu’au contrôle et nourrissement avant la mise en hivernage.

J’effectue un dernier contrôle début octobre, en fonction des prévisions et de la météo, équilibrage, le nourrissement au sirop 100% avant mise en hivernage vers le 15 ou 20 octobre.

Vu que nous avons encore, en octobre, novembre et décembre, de belles journées avec des températures correctes, les abeilles sortent mais consomment leurs réserves faute de flore, c’est alors, à la mise en hivernage, que je remplis mes nourrisseurs de sirop 100% qui leur permet de compenser la consommation sans entamer leurs réserves… Reste à surveiller en fonction de la météo, des températures, des allers et venues, et compléter les nourrisseurs si nécessaire…

L’hiver passe, on est en janvier/février, approche le printemps, plus ou moins tôt, plus ou moins rapidement, tout au moins côté température (entre 12 et 15° les abeilles sortent, surtout s’il y a des rayons de soleil)… C’est là que « le bât blesse » : les abeilles sortent mais il n’y a pas de flore !… Je n’ouvre pas mes ruches, car la nuit la température est froide et en journée inférieure à 15°,  mais je remplis mes nourrisseurs de sirop 70/30 + un peu de vinaigre de cidre, et je surveille…

Vient ensuite la stimulation de printemps, généralement en mars, normalement,  j’utilise mes « nourrisseurs extérieurs », sans toucher aux ruches, pour relancer la ponte des reines avec du sirop 50/50 + un peu de vinaigre de cidre…. L’avantage : la stimulation arrive de l’extérieur. En effet, les abeilles récupèrent le sirop dans les « nourrisseurs extérieurs » collectifs et le ramène à leurs ruches et non d’une stimulation intérieure avec un transit intérieur via des nourrisseurs individuels posés et propres à chaque ruche !…

Ainsi, les nourrisseurs extérieurs servent, après le retrait des hausses en août, à la stimulation de ponte des reines, à l’automne avant l’hiver et après le nourrissement d’hivernage, à compenser la consommation en cas de sortie des abeilles alors qu’il n’y a plus de flore, en début d’année calendaire (suivant les t° et sorties d’abeilles) avant le démarrage/la stimulation de printemps, en janvier/février, à compenser une consommation de sorties, puis à la stimulation de démarrage en mars…

Les avantages, non exhaustifs,  constatés :

Limite le nombre d’ouvertures de ruches et d’intervention sur chaque ruche/colonie ; Stimulation/complément de nourrissement peut se faire à n’importe quel moment de la journée ; Gain de temps ; Pas d’utilisation d’enfumoir ; Pas de risque de pillage d’une ruche « faible » où on aurait, par mégarde, fait des dégoulinantes ; Interventions rapides possibles à diverses reprises ; peu importe la météo (fraîcheur, froid, pluie, vent,…) ; On peut prévoir puis n’ouvrir l’accès au sirop du nourrisseur que le moment venu ; Même les colonies de réserve, remplacement de reines, peuvent être stimulées ; Nourrissement de secours ou complémentaire (chaque colonie pourra prendre ce dont elle a besoin pour compenser) ;…

Les inconvénients, non exhaustifs,  constatés :

Des abeilles d’autres ruchers peuvent venir se nourrir, outre quelques guêpes ou autres ; Il peut y avoir un partage de parasites, maladies, ou autres, par multi-contacts (Ce qui n’est pas plus prouvé, dès lors qu’il y a aussi le même phénomène quand elles butinent dans la nature, sur de fortes flores mellifères, qui plus est : près de ruchers désaffectés, abandonnés, et/ou mal, voire non entretenus… D’autant que je n’ai pas constaté, à ce jour, une invasion de varroas, ni de maladie : Un seul traitement anti-varroas, pas de perte hivernale) ; On ne peut contrôler la quantité réelle prise par chaque colonie ;…

REMARQUES :

Contrairement à bien des propos et commentaires reçus, je n’ai jamais constaté le moindre pillage, même sur des colonies « faibles », ni la moindre bagarre devant/aux ruches et/ou aux nourrisseurs, si ce n’est une fois ou deux, entre deux abeilles, sur la planche d’envol des nourrisseurs (mais bon !… Toute l’année il y en a avec des abeilles qui dérivent et se battent…).

Chers amis apiculteurs, je vous laisse tenter et faire votre propre expérience si cela vous agrée…….

Un p’tit retour de vos expériences, positif ou négatif, serait fort sympathique…. Même un retour négatif car partagé permettrait d’analyser, ou essayer d’analyser, dans le contexte, ce qui n’a pas ou mal fonctionné…. N’oubliez pas de transmettre le contexte complet de votre expérience…

Peut-être que le principe de mes « nourrisseurs extérieurs » doit correspondre à ce que des apiculteurs canadiens appellent : « Station de nourriture ouverte » mais qui, pour les canadiens, suivant leur méthode, leur pratique, leur pose, l’utilisation, en gros rucher, etc… leur pose certains problèmes, notamment de pillages, bagarres (d’après information d’une apicultrice québécoise) : https://www.youtube.com/watch?v=iw3bSZAZA64

Apicalement votre, bonne continuation !….

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